lundi 28 mars 2011

Parce que c'est amertume... Scène de la cour des lumières du point de vue de Jace.

Crédit image
Cette scène se passe pendant les pages 170/174 (en VO) de l’Epée Mortelle (City of Ashes) (La cité des cendres : nouvelle édition) dans le chapitre de la Cour des Lumières, ici du point de vue de Jace. Je lui ai même donné un nom "Parce que c’est amertume".
Cassandra Clare



- Je sais que je ne laisserai pas ma sœur ici. Puisque vous n’avez rien à apprendre d’elle ou de moi, peut-être pourriez-vous consentir à la relâcher ? dit Jace

La Reine sourit, c’était un sourire à la fois magnifique et terrible. La Reine avait ce charme inhumain que possède le Petit Peuple. Son charme ressemblait plus à la beauté d’un diamant qu’à celle d’un être humain. La Reine n’avait pas l’air d’avoir un âge particulier, elle aurait pu avoir 16 ou 45 ans. Jace pensa que certains pouvaient la trouver attirante — des gens étaient morts pour l’amour de la Reine — mais l’effet qu’elle avait sur lui était plutôt celui d’avoir bu trop vite de l’eau très froide.

- Et si je te disais que seul un baiser peut la délivrer ?

C’est Clary qui répondit éberluée :

- Vous voulez que Jace vous embrasse ?

Pendant que la Reine et les courtisans riaient cette sensation de froid s’intensifia dans l’estomac de Jace. Il se dit que Clary ne comprenait pas le Petit Peuple, il avait essayé de lui expliquer mais ce n’était pas évident. Quoique la Reine attende d’eux ce n’était pas un baiser de Jace qu’elle voulait. Si cela avait été le cas elle l’aurait demandé sans en faire tout un spectacle. Ce qu’elle voulait c’était les voir se débattre, épinglés tels des papillons. Il avait souvent pensé que c’était quelque chose causé par l’immortalité, cela émoussait vos sens, vos émotions et les incontrôlables, pitoyables réactions des êtres humains étaient pour le Petit Peuple pareils à du sang pour un vampire. Quelque chose de vivant. Quelque chose qu’ils ne possédaient pas.

- C’est une idée tout à fait charmante dit la Reine jetant un regard vers Jace — ses yeux étaient verts comme ceux de Clary mais ils ne ressemblaient pas du tout à ceux de Clary — mais cela ne la libérera pas.

- Je pourrais embrasser Meliorn suggéra Isabelle en haussant les épaules.

La Reine secoua la tête doucement.

- Cela non plus. Ni aucun autre de mes courtisans.

Isabelle leva les bras au ciel. Jace avait envie de lui demander ce à quoi elle s’attendait ; embrasser Meliorn ne l’aurait pas dérangée donc évidemment cela n’intéressait pas la Reine. Il se dit que c’était gentil de sa part d’avoir proposé mais Isa connaissait le Petit Peuple, elle avait déjà eu affaire à eux dans le passé et elle aurait dû savoir que ça ne fonctionnerait pas.

Peut-être que ce n’était pas juste le fait de savoir la façon dont le Petit Peuple pensait se demanda Jace. Peut-être était-ce le fait de savoir comment pensaient ceux qui aimaient être cruels juste pour le plaisir. Isabelle était irréfléchie et vaine parfois mais elle n’était pas cruelle. Elle rejeta ses cheveux noirs en arrière et leur dit d’une mine renfrognée :

- Que ce soit bien clair, il est hors de question que j’embrasse l’un d’entre vous

- Ce ne sera pas nécessaire dit Simon en avançant. S’il s’agit juste d’un baiser…

Il s’avança vers Clary qui ne bougea pas. La glace dans l’estomac de Jace se transforma en lave, il serra ses poings pendant que Simon attrapait doucement les bras de Clary et se pencha pour la regarder. Elle posa ses mains sur la taille de Simon comme si elle l’avait déjà fait des millions de fois auparavant. Peut-être que c’était le cas après tout. Il savait que Simon était amoureux d’elle, il l’avait su dès qu’il les avaient vus dans ce stupide café, l’autre garçon s’étouffant à moitié pour réussir à dire "Je t’aime" pendant que Clary regardait tout autour d’elle, intensément vivante, ses yeux verts regardant de tous côtés. "Tu ne l’intéresses pas Terrestre" avait-il pensé avec satisfaction, "oublie". Et puis il avait été surpris d’avoir pensé cela. Après tout, qu’est-ce que cela pouvait-il lui faire ce que pensait cette fille qu’il connaissait à peine ?

Il avait l’impression que cela faisait une éternité. Elle n’était plus une fille qu’il connaissait à peine, elle était Clary. Elle était cette chose dans sa vie qui avait plus d’importance que tout le reste et regarder Simon poser ses mains sur elle, là où il en avait envie le rendait malade et le remplissait d’une colère meurtrière. Le besoin de les séparer était si fort qu’il pouvait à peine respirer.

Clary se retourna pour le regarder, ses cheveux roux glissant sur son épaule. Elle avait l’air préoccupée, ce qui était encore pire. Il ne pouvait pas supporter de penser que Clary puisse être désolée pour lui. Il détourna vite la tête et aperçu du coin de l’œil le regard de la Reine qui brillait de plaisir. C’est ce qu’elle recherchait ; leur peine, leur désespoir.

- Non, ce n’est pas non plus ce que je veux dit la Reine à Simon d’une voix à la fois douce et tranchante.

Simon s’éloigna de Clary à Contrecoeur. Le soulagement qui coulait dans les veines de Jace comme du sang noya ce que ses amis étaient en train de dire. Pendant un instant tout ce qui lui importa c’était de savoir qu’il n’allait pas avoir à regarder Simon embrasser Clary. Puis il se concentra sur Clary, elle était très pâle et il ne put s’empêcher de se demander à quoi elle pensait. Était-elle déçue de ne pas être embrassée par Simon ? Soulagée comme lui ? Il se rappela de Simon embrassant sa main un peu plus tôt dans la journée et repoussa brusquement cette pensée tout en continuant de fixer sa sœur. "Regarde-moi" pensa-t-il "Si tu m’aimes, regarde-moi".

Elle croisa ses bras sur sa poitrine comme elle le faisait quand elle était énervée ou qu’elle avait froid mais elle ne le regarda pas. La conversation continua autour d’eux ; qui allait embrasser qui, ce qu’il allait se passer. Jace sentit monter en lui un élan de rage désespéré et comme d’habitude il l’évacua avec un commentaire sarcastique.

- Et bien moi, je refuse d’embrasser le Terrestre grommela Jace. Je préfère encore rester ici.

- Pour l’éternité ? lâcha Simon : ça fait long, tout de même.

Jace le regarda. Simon était probablement quelqu’un de bien pensa-t-il. Il aimait Clary, voulait s’occuper d’elle et la rendre heureuse. Il serait probablement un petit ami spectaculaire. Jace savait que logiquement c’est quelque chose qu’il aurait dû vouloir pour sa sœur. Mais il ne pouvait pas regarder Simon sans avoir envie de tuer quelqu’un.

- Je le savais ! Tu as envie de m’embrasser, c’est ça ?

- Bien sûr que non !

- Alors, c’est vrai ce qu’on dit, il n’y a pas d’hétéros dans les tranchées.

- Athées crétin ! dit Simon rouge de colère. "Il n’y a pas d’athées dans les tranchées".

C’est la Reine qui les interrompit, se penchant afin que son cou blanc et sa poitrine apparaissent au-dessus de la coupe basse de sa robe.

- Bien que tout cela soit très amusant, le baiser qui délivrera cette jeune fille est celui qu’elle désire le plus. Cela, et rien d’autre, dit la Reine.

Simon devint tout blanc. Si le baiser qu’elle désirait n’était pas celui de Simon alors… la façon dont elle regardait Jace et dont lui la regardait répondit à cette question.

Le cœur de Jace se mit à battre plus fort, il regarda la Reine.

- Pourquoi faites-vous cela ?
Crédit image

- Et moi qui pensais te faire plaisir ! dit-elle. Le désir va parfois de pair avec la révulsion, et il n’est pas toujours accordé comme une simple faveur à ceux qui le méritent entre tous. Étant donné que ma magie est enchaînée à mes mots, vous connaîtrez la vérité. Si elle ne désire pas ce baiser, elle ne sera pas délivrée.

Jace se sentit rougir. Il était vaguement conscient que Simon était en train d’argumenter sur le fait que Jace et Clary étaient frère et sœur, que ce n’était pas normal mais il l’ignora. La Reine le regarda et ses yeux étaient comme la mer avant la tempête et il avait envie de lui dire "merci". "Merci".

Et c’est ce qui était le plus dangereux pensa-t-il pendant qu’autour de lui ses compagnons débattaient si Clary et Jace devaient vraiment le faire et ce que chacun d’eux était prêt à faire pour s’échapper de la Cour des Lumières. Autoriser la Reine à vous donner quelque chose que vous vouliez — que vous vouliez vraiment fort — c’était s’en remettre à elle. Il se demanda comment elle avait fait pour savoir. Comment avait-elle su que c’est ce à quoi il pensait, ce qu’il voulait, ce qui emplissait les rêves dont il se réveillait en sursaut et en sueur ? Que quand il pensait vraiment à la possibilité de ne plus jamais embrasser Clary il avait envie de mourir, envie d’avoir mal, d’être tellement blessé qu’il irait dans le grenier pour s’entraîner pendant des heures jusqu’à ce qu’il n’ait plus que le choix de s’évanouir d’épuisement. Il aurait des blessures au matin, des ecchymoses, des entailles, des éraflures et s’il avait pu toutes les nommer elles auraient eu toutes le même nom : Clary, Clary, Clary.

Simon continuait de parler, il était furieux.

- Tu n’as pas à faire ça Clary, c’est un piège…

- Pas un piège dit Jace qui s’étonna lui-même du calme de sa voix. "Mais un test".

Il regarda Clary, elle mordillait sa lèvre, la main prise dans une boucle de ses cheveux. C’était un geste qui lui était propre, tellement caractéristique que cela lui brisa le cœur. Simon était en train d’argumenter avec Isabelle et pendant ce temps la Reine les regardait comme un chat, d’un air amusé.

Isabelle était exaspérée.

- Qu’est-ce que cela peut faire de toute façon ? Ce n’est qu’un baiser.

- C’est juste dit Jace.

Clary leva la tête et finalement ses grands yeux verts se posèrent sur lui. Il se déplaça vers elle et comme à chaque fois le monde autour d’eux disparut jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’eux deux, c’était comme s’ils se trouvaient sur la scène éclairée d’une grande salle vide. Il mit sa main sur son épaule, la retournant ainsi pour qu’elle soit face à lui. Elle avait arrêté de mordre sa lèvre, ses joues étaient rouges, ses yeux d’un vert brillant. Il pouvait ressentir la tension présente dans son propre corps, l’effort que cela lui demandait de se retenir de la plaquer contre lui et prendre cette chance aussi dangereuse, stupide et imprudente soit-elle de pouvoir l’embrasser comme il ne pensait plus qu’il aurait dans sa vie l’occasion de l’embrasser ainsi.

- C’est juste un baiser dit-il et il entendit la dureté de sa propre voix, se demandant si elle l’avait entendue également. Non pas que cela change quelque chose, il n’avait pas moyen de le cacher, c’était trop. Il n’avait jamais auparavant "voulu" quelque chose comme ça. Il y avait eu d’autres filles pourtant. Parfois au milieu de la nuit, fixant les murs blancs de sa chambre il s’était demandé ce qui rendait Clary si différente. Elle était belle, mais d’autres filles l’étaient aussi. Elle était intelligente mais il y avait d’autres filles intelligentes. Elle le comprenait, riait en même temps que lui et voyait au travers des défenses qu’il avait placées afin qu’on ne voie pas ce qu’il y avait sous la surface. Il n’y avait pas de Jace Wayland plus réel que celui qu’il voyait dans ses yeux quand elle le regardait.

Mais peut-être aurait-il pu trouver ça ailleurs. Des gens tombaient amoureux, se séparaient et passaient à autre chose. Il ne savait pas pourquoi il n’y arrivait pas. Il ne savait pas pourquoi il n’avait même pas envie d’essayer. Tout ce qu’il savait c’est qu’il allait saisir cette chance, quoi qu’il doive à l’enfer ou au paradis par la suite.

Il se pencha, prit ses mains, entrelaçant ses doigts avec les siens et lui murmura à l’oreille :

- Tu peux fermer les yeux et penser à l’Angleterre si tu veux.

Elle ferma ses yeux, ses cils cuivrés formant des lignes sur sa peau pâle et fragile.

- Je n’ai jamais été en Angleterre dit-elle.

La douceur et l’anxiété de sa voix le prirent de court. Il n’avait jamais embrassé une fille sans savoir si elle le voulait également et d’habitude elles en avaient plus envie que lui. Mais c’était Clary et il ne savait pas ce qu’elle voulait. Il glissa ses mains par-dessus les siennes, le long du tee-shirt mouillé collant à son corps et enfin jusqu’à ses épaules. Ses yeux étaient toujours fermés mais elle trembla et s’appuya très légèrement contre lui, c’était la seule permission dont il avait besoin.

Il appuya ses lèvres contre les siennes. Tout le self-control qu’il s’était imposé ces dernières semaines se rua telle de l’eau se jetant contre un barrage rompu. Clary mit ses bras autour du cou de Jace et il la pressa contre lui. Elle était douce et souple mais étonnamment forte comparé à d’autres qu’il avait pu tenir dans ses bras. Il aplatit ses mains contre son dos, la rapprochant encore plus de lui. Elle était sur la pointe des pieds l’embrassant aussi férocement que lui l’embrassait. Il effleura ses lèvres avec sa langue, ouvrant sa bouche contre la sienne. Ses lèvres avaient un goût salé et doux comme l’eau des fées. Il se cramponna encore plus à elle, nouant ses mains dans ses cheveux et essayant avec sa bouche de lui dire toutes les choses qu’il ne pourrait jamais dire à voix haute :

- Je t’aime. Je t’aime et je m’en fiche que tu sois ma sœur. Ne sois pas avec lui, ne le désire pas, ne va pas avec lui. Sois avec moi. Désire-moi. Reste avec moi.

Je ne sais pas comment vivre sans toi.

Ses mains glissèrent jusqu’à sa taille et il la plaqua contre lui, perdu dans les sensations qui tourbillonnaient au travers de ses nerfs, son sang, ses os. Il n’avait aucune idée de ce qu’il aurait fait ou dit ensuite, cela aurait pu être quelque chose qu’il n’aurait pas pu faire semblant de ne jamais avoir dit. Mais à ce moment il entendit le rire de la Reine et cela le ramena à la réalité. Avant qu’il ne soit trop tard il éloigna Clary de lui décrochant ses mains de son cou et reculant. Cela lui donna l’impression de couper sa chair à vif mais il le fit.

Clary le regardait fixement, ses lèvres entrouvertes et ses mains toujours vers lui. Ses yeux étaient grands ouverts. Derrière eux Isabelle les regardait la bouche béante et Simon avait l’air d’être sur le point de vomir.

"C’est ma sœur" pensa Jace. "Ma sœur" Mais ces mots n’avaient aucune signification, ils auraient aussi bien pu être dans une langue étrangère. Si il y avait eu la moindre chance qu’il puisse considérer Clary comme sa sœur, ce qu’il venait de se passer entre eux avait explosé cette chance telle une météorite se fracassant sur la terre. Il essaya de lire le visage de Clary — ressentait-elle la même chose ? Mais on avait juste l’impression qu’elle voulait se retourner et partir en courant. "Je sais que tu l’as ressenti" lui dit-il avec ses yeux moitié triomphant, moitié amer, moitié suppliant. "Je sais que tu l’as ressenti aussi". Mais il n’y avait pas de réponse sur son visage, elle mit ses bras autour d’elle comme elle le faisait souvent quand elle était contrariée et elle les serra comme si elle avait froid. Elle détourna son regard.

Jace eut l’impression de recevoir un coup-de-poing directement dans le cœur. Il se retourna brusquement vers la Reine.

- Est-ce que c’était suffisant ? Ça vous a plu ? demanda-t-il

La Reine lui rendit son regard, un regard secret et spécial partagé juste entre eux deux. "Tu l’as mise en garde contre nous" avait l’air de dire son regard "que nous pourrions la blesser, la briser comme une brindille. Mais toi, toi qui pensais ne pas pouvoir être touché par cela, tu es celui qui a été brisé".

- Cela nous a plu dit-elle. Mais pas autant qu’à vous deux, on dirait.


(Source)
Merci Marie Vilain de m'avoir fait remarquer que je ne l'avais pas encore postée... 
 Elle en a fait un traduction présente en commentaire du tome 2 : La cité des cendres

6 commentaires :

  1. Dans l'extrait Jace parle de rêve qu'il fait à propos de Clary et qu'il se réveille en sueur... Ce serait bien d'avoir un aperçus de ces rêves. Enfin, moi ça m'intéresserait. Sinon, l'extrait est génial! Je ne me lasse pas de le lire. Merci beaucoup! Ce site est super cool!!!!!!

    RépondreSupprimer
  2. J'adore cette lecture je suis une passionet et je me sans comme a la place de clary quan il lambrasse si passioneman c si romantique j'adore

    RépondreSupprimer
  3. Je suis une passionner et quan jace ambrasse clary je me sans Côme a la place de clary je suis transporter dans un autre monde et jador cette sensation Mercie a tous pour cette ocasion de me confier ce janre de monde existe pour seu qui i croive comme moi mai moi je vous donne un secret rien qua moi ça existe croyer moi se jenre de chose existe ses monde ses les mien encore Mercie de me donner loportuniter de vous dire tous sa car sa existe mai c rien que pour vous et moi se secret bisous:-)

    RépondreSupprimer
  4. Je vous adore jace et clary vous êtte les meilleur acteur du film Mercie a vous

    RépondreSupprimer
  5. Cette scène m'avait déjà retournée quand je l'ai lu du point de vue de Clary. Mais avec Jace, c'est encore mieux. C'est bouleversant on sent a quel point il aime Clary et la peine que ça lui procure de ne pas pouvoir l'aimer librement. Cela me rappelle Will avec Tessa...

    RépondreSupprimer

Bonjour, donnez votre avis et vos pensées sur cet article, et essayez autant que possible de ne pas faire de hors sujet. Les commentaires sont modérés, ils ne s'affichent donc pas tout de suite, soyez patients :)