mercredi 14 juillet 2021

La Lettre d'Emma à Cristina (1ère nouvelle du projet " Les secrets du Manoir Blackthorn ")


Chère Cristina,

J’allais tenter d’envoyer cette lettre au Chalet de Piliamor au Royaume des Fées, mais j’ai fini par me dire que tu risquais de ne jamais la recevoir.  D’accord, d’accord, je plaisante. Je l’envoie à l’Institut de New York - Clary m’a dit qu’elle te la mettra de côté. Je sais que Jules et moi avons émergé dans le monde entier comme des balles de ping-pong, mais nous nous sommes finalement installés ici à Londres pour au moins quelques mois, donc tu pourras – et devras - m’écrire à l’Institut de Londres - je ne suis pas sûr que l’endroit où nous sommes ait une adresse.

(Et oui, j’aurais pu juste vous envoyer un message de feu, mais j’ai beaucoup de choses à te raconter)

Donc, il y a quelque temps, Jules et moi étions à Manaus, au Brésil, étudiant le démon Curupira, lorsque nous avons été appelés à l’Institut de Rio. Ils avaient un message pour Julian. Sa grand-tante - oui, celle qu’il visitait quand tu es arrivée à Los Angeles - était morte. C’était vraiment triste. Tu te rappelles de sa belle maison dans le Sussex où elle vivait ? Eh bien, elle l’a laissé à un cousin dont personne n’a entendu parler, mais elle a laissé le Manoir Blackthorn à Julian. Tout est en train de s’effondrer et tomber en ruine à Chiswick (une sorte de banlieue londonienne). Et puis, nous avons dû venir ici, à cause d’une clause du testament. Soit Julian répare cet endroit en le rendant à nouveau habitable au bout de cinq ans, soit le Manoir reviendra à l’Enclave.

Quoi qu’il en soit, tu sais comment est Julian. Il prend les décisions très rapidement. Nous avons traversé le Portail pour arriver à Londres puis le lendemain il a reçu la nouvelle.

J’étais prête à manger des petits gâteaux, à boire du thé puis à aller au London Eye (tu sais faire toutes ses choses que je n’ai pas pu faire la dernière fois que je suis venue à Londres, à cause des fées guerrières impossible à tuer qui nous poursuivaient). Mais ça c’était avant que nous prenions un taxi noir de l’Institut jusqu’à Chiswick et que nous voyions l’endroit.

De l’extérieur, le Manoir ressemble à un musée ou à une vieille bibliothèque – tu sais, de grandes colonnes de marbre, un grand escalier, un grand dôme en métal sur le dessus qui ressemble à un télescope (mais non il n’en a pas, j’ai vérifié). Mais à l’intérieur, ça ressemble plus à un conte de fées. Non comme un paysage digne du royaume des fées, mais plutôt d’un film pour enfants. C’est comme dans ce conte de fée qui se déroule dans un palais tombant en ruine depuis mille ans. C’était romantique pendant environ cinq minutes Puis, nous avons repéré un premier rat qui grignotait la frange d’un des rideaux.

C’est un étrange mélange d’histoire intéressante, d’art ancien étrange et de ruine totale. Il y a des portraits cool d’anciens ancêtres Blackthorn, pour la plupart intacts. Julian m’a dit qu’il ne reconnaissait pas la plupart de ces portraits. Certains d’entre eux ont des noms écrits au dos du cadre, mais à part « Blackthorn », aucun des noms écrits n’a de signification pour nous. Il y a des coffres en bois pleins de livres et de vieux parchemins, mais également de beaux terrains couverts de buissons qui, j’en suis sûr, étaient autrefois des jardins et sont maintenant la version d’une jungle anglaise. Il y a une vieille serre et une étrange petite structure en briques que nous n’arrivons pas à ouvrir. (Hangar de stockage ? Très petite salle d’armes à feu ?) Le manoir entier est un véritable gâchis, et la plupart des pièces sont inhabitables. Quelqu’un a construit un appartement « moderne » dans une des ailes du manoir, probablement dans les années soixante. (L’appartement, d’ailleurs, me rappelle cette boutique vintage à Topanga où j’ai traîné de force. Tu t’en souviens ?) Celui qui y vivait a laissé un placard avec toutes sortes de vêtements vintage et il y a un papier peint farfelu orné de motifs de fleurs et d’art moderne partout. Au moins, l’électricité marche dans cet appartement, ainsi que l’eau chaude et le chauffage, car dans le reste du manoir ce n’est certainement pas le cas.

Je suis de retour. Je suis désolé, j’ai dû arrêter de t’écrire une seconde car Julian m’appelait. Il était certainement dans la salle de bal ? De toute manière, il a fait un mauvais pas et son pied a traversé le sol. (Pas tout l’étage, ce qui est un soulagement. Mais il a définitivement fait un trou.) La salle de bal est grande et poussiéreuse, mais nous pouvons voir à quel point elle était belle et très chic. Il a ces énormes portes à la Française qui s’ouvrent sur des balcons tout en marbre, bien que la plupart du verre des portes ait déjà disparu.

Après avoir aidé Jules a se libérer du trou, j’ai pensé que c’était ma seule chance de faire entendre raison à Jules, alors je lui ai dit que c’était un projet gigantesque pour deux personnes qui n’ont jamais réparé une maison auparavant, et que nous avons déjà un endroit parfait où vivre. Et où la météo est meilleur.

Jules, étant Jules, il a mis un certain temps à me répondre, il réfléchissait vraiment à ce que je venais de lui dire. Puis il m’a dit : « Si tu ne veux pas faire ça, alors nous ne le ferons pas Tu es plus importante pour moi que cette maison. Que n’importe quelle maison. »

Je lui ai répondu : « Ce n’est pas que je ne veux pas faire ça. C’est que je ne sais même pas par où commencer. »

Jules m’a expliqué calmement qu’il avait été mis en contact avec des architectes féériques et qu’ils seraient là lundi pour faire une étude des lieux. Puis il m’a serré dans ses bras et m’a dit : « Je sais que nous pourrons toujours vivre à l’Institut de Los Angeles. Moi aussi j’aime cet endroit. Mais s’il existe un endroit où l’héritage des Blackthorn est présent, il s’agit de ce manoir. Tous ces vieux documents, quels que soient les secrets cachés dans cette maison, ils sont l’histoire de notre famille. Je voudrais les transmettre à Dru, Ty et Tavy. Je veux leur donner ce que je n’ai jamais eu.

Eh bien, que pourrais-je répondre à cela ? Je comprends. J’ai la chance d’avoir Jem qui rend l’histoire de ma famille vivante. Jules n’a rien de tel. Et maintenant, Aline et Helen dirigent l’Institut de Los Angeles, mais ce n’est peut-être pas pour toujours, et d’ailleurs, ce dernier appartient à l’Enclave. Je comprends qu’il sente qu’il ne peut pas expliquer une grande partie de leur histoire familiale sans leur donner la possibilité de choisir.

Je lui ai répondu : « D’accord. Voyons ce que nous pouvons faire. Si nous décidons que c’est de trop, nous pourrons organiser une grande réunion de famille et tout le monde pourra voter. Gardez l’endroit ou pas. »

Il s’approcha de moi et me fit me tourner. Puis nous nous sommes embrassés. Je vais être gentille et ne pas te donner plus de détails.

J’ai donc décidé de considérer tout cela comme une aventure. C’est comme un site archéologique, et nous sommes des archéologues intrépides. Je tenterai plus tard de convaincre Jules de mettre une veste en tweed et un chapeau haut de forme pendant qu’on examinera les décombres. Parce que la personne qui vivait ici avant a collectionné un certain nombre d’objets. C’est une grande maison, et chaque pièce à des meubles avec des tiroirs et des armoires, puis à l’intérieur de chaque tiroir et de chaque placard, il y a plein d’objets. Des fusils rouillés, des livres humides, des petites boîtes remplies de choses, des bibelots, des portraits de personnes inconnues, des tasses à thé cassées… Et rappelle-toi, nous découvrons le manoir sans électricité, mais avec la lumière de nos pierres de runes.

Quoi qu’il en soit, je voulais que tu saches ce que je faisais et où nous en étions. Notre année de voyage était en train de se finir de toute manière, donc c’est un peu une façon de la prolonger et de passer plus de temps ensemble. Je ne suis pas triste à propos de cette partie. En fait, jusqu’à ce matin, je me préparais très bien psychologiquement à participer aux fouilles concernant l’histoire des Blackthorn.

Je sais que j’ai dit que la maison avait l’air hantée, mais je plaisantais. Enfin pas toujours. Je ne suis pas Kit ; Je ne peux pas voir les fantômes à moins qu’ils ne veuillent que je les voie, et jusqu’à présent, je n’ai pas rencontré d’esprits ayant des messages de l’au-delà à me faire parvenir. Mais l’endroit semble étrange - je continue à me retrouver penché au bout de longs couloirs pleins de toiles d’araignées, comme si je m’attendais à apercevoir quelque chose dans l’ombre. Ou en imaginant voir quelque chose au-dessus de mon épaule dans le miroir. J’ai tout mis sur le dos de mes nerfs, enfin jusqu’à ce matin, quand je suis entrée dans la salle à manger et que j’ai vu les mots « Partez » écrits à l’aide de la poussière présent sur le sol.

J’ai littéralement bondi. En fait, j’ai d’abord ramassé Cortana avant de pouvoir me contrôler. Ne soit pas ridicule, ai-je pensé. Ce message peut avoir été écrit à n’importe quel moment. Bien avant que nous ayons la maison. Le message a pu être écrit il y a des années sans avoir été effacé.

Cependant, j’ai une confession à te faire. J’ai effacé le message « Partez » avec mon pied. Je ne voulais pas que Julian le voie. Il a tendance à trop s’inquiéter. Je ne voulais pas qu’il subisse le même choc que moi, surtout pour quelque chose qui n’a pas d’importance.

Je me sens mieux à l’idée de tirer cette histoire de ma tête et de te la raconter, cependant. Mince, Julian m’appelle de nouveau, je ne peux pas attendre de voir dans quoi il s’est encore fourré. Je t’écrirai à nouveau bientôt, et sur ce je t’adresse un bonjour typique londonien.

 

Avec tout mon amour à toi et à tes hommes

Emma


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