mardi 21 septembre 2021

Extrait du journal d'Emma (6ème nouvelle du projet " Les secrets du Manoir Blackthorn ")

 

Emma à son Journal 

Cher Journal… c’est comme ça qu’on est censé commencer, non ? Ça me paraît un peu bête d’écrire ça, étant donné que je n’avais jamais pensé tenir un journal, mais que veux-tu ? On dirait que j’ai été inspirée par Tatiana Lightwood. Mais je pense que je devrais donner un nom au journal, quelque chose de sympa, pour pouvoir écrire « Chère Clara » ou « Cher Bruce » au lieu de Cher Journal. Bruce me plaît de plus en plus, en fait.

Donc, je me suis dit que je pourrais m’en servir pour organiser mes idées. Je griffonnais dans des petits carnets depuis que Julian et moi voyageons. (Est-ce que tu savais qu’il y a énormément de créatures féeriques que l’Enclave a classifiées à tord comme des démons ? Les Curupiras, par exemple ? La plupart des vieux bestiaires ont cruellement besoin d’être corrigés.)

En fait, c’est plutôt bizarre de prendre racine après avoir parcouru le monde pendant près d’un an. Julian s’est lancé corps et âme dans cette rénovation. Je crois que son côté attentif et précautionneux est attiré par cette aventure. Il aime faire des travaux manuels (et j’aime le regarder faire des travaux manuels) et mettre au point des projets. En plus de tout le reste, il peint une fresque dans la salle de bal. Il ne veut pas que je la voie. Il dit que c’est une surprise alors je dois rester dans l’ignorance, on dirait !

J’espère vraiment que quand cette maison sera entièrement rénovée, elle sera moins effrayante. J’ai blagué là-dessus dans ma lettre à Dru, mais j’ai toujours cette impression que des choses sont tapies dans l’ombre, dans toutes les ombres. Même quand ma pierre de rune est au maximum de sa luminosité, elle ne fait que mettre en évidence les étranges fissures dans les murs et les taches bizarres sur le plâtre. Je n’arrive pas à l’expliquer mais j’ai le sentiment que quelque chose d’horrible s’est passé ici il y a très longtemps. C’est les frissons qui me parcourent, c’est l’étrange façon dont les vitres des fenêtres s’embuent sans raison, c’est le curieux point froid au milieu des escaliers. J’ai tout le temps envie de m’emparer de Cortana, mais ce n’est pas le genre de chose contre laquelle on peut se battre. C’est juste une impression.

Et parfois, il n’y a rien : cet après-midi était tout à fait normal. J’ai défait des cartons dans ce qui était autrefois la cuisine. Nous en avons remonté beaucoup de la cave (où il y a tellement d’araignées que j’ai l’intention de la renommer Arachniville. Je n’avais pas vu autant d’araignées depuis Thule. *frissons*)

Dans certains cartons, il y a des choses parfaitement normales. Il y a de l’argenterie et de la porcelaine magnifiques, qui ont appartenu à une dénommée Barbara Pangborn (elle a dû épouser un Lightwood ou un Blackthorn.) Des nappes et du linge de maison élégants avec les épines du blason des Blackthorn tissées sur les bords en guise de liseré. Des poupées en porcelaine et des jouets cassés dans un grand carton où il est écrit « Grace Blackthorn ». Il y avait une dague gravée de runes parmi les têtes de poupées cassées, alors je pense qu’elle était une petite fille qui venait juste de commencer l’entraînement. Comme c’est mignon ! (Même si les têtes de poupées sont flippantes.)

Julian est arrivé alors que j’étais en plein déballage, et a décidé de m’aider en nettoyant la grille du foyer. Il s’est retrouvé entièrement couvert de suie et il toussait, alors je l’ai amené dans la partie moderne, ai retiré sa chemise et ai commencé à le décrasser. Et puis, il était torse nu et sale et il me regardait avec ces magnifiques yeux bleus-verts et que veux-tu que je dise ?

Je lui ai sauté dessus. Nous sommes allés dans la chambre en nous embrassant frénétiquement et nous nous sommes effondrés dans le lit et nous avons mis de la suie partout sur les draps et ça valait le coup. (Et tu n’auras pas plus de détails, Bruce. Pas la peine de réclamer.)

Je n’arrive pas à croire que j’ai pu penser que Julian et moi étions juste amis. C’est comme si je l’aimais tellement que je ne pouvais pas en voir la totalité, voir à quel point c’était grand. Je me trouvais à l’intérieur, cherchant ce type d’amour sans me rendre compte qu’il m’entourait. Est-ce que ça a du sens, Bruce ? Je ne suis pas écrivaine alors je suis probablement nulle pour exprimer ce genre de choses ! J’ai souvent l’impression que je devrais dire à Julian que je l’aime davantage, mais il n’en parle jamais, alors j’essaye de le lui dire autrement qu’avec des mots. Par ma façon de me pelotonner contre lui quand nous dormons, ma façon d’arriver derrière lui pour le prendre dans mes bras quand il est concentré sur quelque chose (mais pas quand il peint, sinon il y aurait des taches sur toutes les toiles!) Ma façon de… deux minutes. Est-ce que quelqu’un frappe à la porte ?

[Une heure plus tard]

Bruce ! Tu ne vas pas le croire, mais Cristina est ici ! Avec Mark et Kieran ! Je ne sais même pas comment Kieran a fait pour quitter le Royaume du Petit Peuple… une histoire de promesse faite à la terre qu’il serait ici pour moins de trois couchers de soleil… mais je suis tellement contente de les voir ! Cristina et moi nous sommes mises à danser comme des folles et nous sommes prises dans les bras l’une de l’autre, et d’une manière ou d’une autre Mark et Kieran ont réussi à convaincre Julian que nous devrions sortir ce soir et voir Londres. Nous allons tous porter les vêtements du placard Sixties Super Sensass et aller dans autant de pubs que possible. J’ai tellement hâte, Jules et moi avons besoin de faire une pause. Londres, nous voilà ! Prépare-toi, Les Chasseurs d’Ombres Sont de Sortie !*

*Avec un Roi elfique.

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